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Toute vérité n'est pas bonne à dire selon Florian Zeller



Pierre Arditi, Christiane Millet, Patrick Kerbrat et Fanny Cottençon sont à l’affiche de “La Vérité”, imaginée par l’immense Florian Zeller, dramaturge surdoué au palmarès déjà très impressionnant. Détenteur incontesté du Molière du théâtre privé pour Le Père en 2014 et oscarisé pour le scénario du film adapté The Father, Florian Zeller nous avait déjà convaincus en 2011 avec cette comédie en sept parties semblables à des saynètes légères sur le mensonge, la dangerosité de la vérité et un peu sur l’amour, aussi. Une comédie hilarante mise en scène par Partick Kerbat avec Pierre Arditi dans le rôle principal, excusez-nous du peu. Comédien prolifique, Pierre Arditi nous prouve encore une fois son immense talent, sa présence envoûtante sur scène, sa capacité à habiter l’espace et à dire son texte avec un naturel déconcertant, ce qui n’est pas vraiment le cas de tous les comédiens présents dans cette pièce (bonjour Fanny Cottençon).

C’est l’histoire de Michel (Pierre Arditi), menteur invétéré, qui se retrouve confronté aux mensonges de son entourage. C’est l’arroseur arrosé, le trompeur trompé, le menteur à qui l’on ment, tel est pris qui croyait prendre (vous en voulez d’autres ?). Marié à Laurence (Christiane Millet), il a une liaison charnelle avec Alice (Fanny Cottençon) qui n’est autre que la femme de son meilleur ami, Paul (Patrick Kerbrat). Autant vous dire que Michel est un personnage vertueux dont les principes moraux et l’éthique le rendent attachants.


Le spectaculaire s’incline devant la force comique des mots


Dans cette mise en scène, la scène est épurée. Le décor est réduit au strict minimum, composé d’objets évocateurs des lieux de rencontres des personnages : un lit double pour une chambre d’hôtel, un canapé et un fauteuil pour l’appartement de Michel et Laurence, un banc de vestiaires pour le court de tennis où se retrouvent Paul et Michel, un bureau pour le cabinet d’Alice. Un décor minimaliste qui laisse la place aux dialogues, aux acteurs, à la puissance comique du texte. Oui parce que l’humour réside dans le verbe et tout le cynisme qui habite les répliques du personnage de Michel qui se lamente face aux nombreux mensonges de ses proches qui lui sont révélés, lui qui n’a cessé de mentir à sa femme et à son meilleur ami. Michel se veut le défenseur de l’éthique et de la morale et qui se place dans une posture de victime : “On peut se fier à personne” ; “Comment il a pu me faire ça à moi ?”.


Le vice de la vérité


Comme le disait Voltaire : “Le mensonge n’est un vice que quand il fait du mal. C’est une grande vertu quand il fait du bien”. C’est là toute la philosophie de Michel qui s’acharne tout au long de la pièce à dissimuler la vérité sur sa double vie. Le travail de mensonge est double, lui aussi, puisqu’il doit se cacher de Paul et de Laurence. C’est cet aller-retour-aller permanent de Michel entre Paul, Laurence et Alice qui, quant à elle, souhaite soulager sa conscience et tout avouer à Paul, au grand dam de son amant qui monte en pression à mesure que la pièce avance et que ses propres mensonges se referment peu à peu sur lui, pour faire surgir une vérité dont il n’est pas maître et qui va le bouleverser plus que tout.

Un humour qui s'essouffle et nous essouffle

Les renversements de situation sont assez surprenants mais un peu exagérés notamment dans la scène finale avec une Christine Millet attristée mais peu convaincante. La fin n’est pas vraiment une réussite, elle manque de ce panache pourtant présent en ouverture de pièce. Le concept des renversements de situation, vérités révélées et trompeur trompé s’essouffle au fil des actes et nous sommes assez soulagés que cela se termine assez vite, à voir où cela aurait pu nous mener.






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